La commune d’Opio est concernée par un Plan de Prévention des Risques Incendie de Forêt (PPRIF) approuvé depuis le 12 avril 2007, établi par les Services de l’Etat. Conformément à celui-ci, le débroussaillement et le maintien en état débroussaillé obligatoires, sont portés à une profondeur de 100 mètres aux abords des constructions en zone rouge.

    En 2023, suite au passage de l’Office National des Forêts (ONF), missionné par le Préfet dans le cadre de la Mission d’Intérêt Général pour le contrôle de la réalisation des OLD dans le quartier du Bois d’Opio, différentes verbalisations ont eu lieu. Par la suite, une campagne de débroussaillement a été menée par beaucoup de propriétaires mais l’abattage des arbres reste à réaliser sur la majeure partie des périmètres concernés.

    En tant que responsable de la bonne réalisation des travaux, le Maire a rappelé par courrier à chacun la nécessité du débroussaillement, a encouragé à poursuivre les efforts engagés et a souhaité proposer des solutions aux habitants concernés.

    Pour ce faire, il a fait appel au Centre National de la Propriété Forestière (CNPF). Cet établissement public mobilise, grâce au financement du département des Alpes-Maritimes, les propriétaires forestiers dans les secteurs au foncier morcelé pour la mise en place d’une gestion forestière durable. Sur les secteurs du Bois d’Opio, au vu du volume important de bois à couper pour la réalisation des OLD et de la qualité des forêts impactées, il apparaît pertinent de proposer un chantier mutualisé, pour la coupe mais aussi pour le débroussaillement, faisant baisser les coûts, voire neutralisant ceux de l’abattage par la revente du bois coupé.

    carte de l'opération à Opio
    Cartographie de l'opération à Opio (© CNPF)
    • Les Obligations Légales de Débroussaillement (OLD) visent à créer :

      • des discontinuités verticales : interruption de la végétation entre le sol et les premières branches à 2 m empêchant le feu de monter dans les cimes;
      • des discontinuités horizontales : en laissant libre des espaces entre arbres, houppiers, et/ou toute construction ralentissant la transmission du feu d’arbre en arbre.

    • Le chantier débutera en mars 2025 et durera 2 à 3 mois en commençant par l’abattage des pins.

    • Le secteur concerné est composé intégralement de propriétés privées.

      Les interventions consisteront à :

      • Réaliser la mise aux normes des OLD. 73 propriétaires sont concernés par cette opération.
      • Au-delà des 100 m des habitations : certains propriétaires de forêts ont saisi l’opportunité de ce chantier groupé pour réaliser des éclaircies d’amélioration et réduire la masse combustible.

    • Les forêts du Bois d’Opio sont composées essentiellement d’un taillis mélangé de chênes vert/ chênes pubescent avec un sur-étage plus ou moins dense de pins d’Alep et pins maritimes très bien venants. Une belle dynamique du frêne à fleur est très souvent présente en sous étage avec localement de gros semenciers. Aucune gestion forestière n’a été menée depuis des décennies ce qui donne aujourd’hui des forêts très denses.

      Deux types d’interventions seront menés sur les parcelles concernées :

      • Abattage : c’est la coupe des arbres au sein du périmètre des Obligations Légales de Débroussaillement (OLD) ainsi que des arbres à éclaircir au-delà de ces zones.
        A proximité des maisons, la coupe des pins sera complétée par de l’éclaircie de chênes si nécessaire pour obtenir l’espacement règlementaire entre les houppiers.
        Au-delà, dans les zones où les pins sont nombreux, ils seront éclaircis. Dans les zones où le chêne est  bien présent en sous-étage les pins seront coupés, en maintenant de 1 à 5 pins/ha pour la diversité. Si nécessaire, une éclaircie pied à pied dans les chênes au profit de la diversité des essences complètera la coupe pour un prélèvement total de 35 à 40% du volume initial.
      • Débroussaillement et broyage : la végétation basse et les branches des arbres coupés seront éliminées par broyage, le broyat est laissé sur place. Le broyage réalisé sera sélectif de manière à préserver les poches de régénération, les jeunes sujets ou les arbustes assurant un couvert du sol. Le coût du travail des professionnels est répercuté sur les propriétaires de construction, soumis aux OLD. Toutefois, ce coût est diminué grâce à une intervention groupée.

    • La mise en œuvre d’un tel chantier implique un dérangement dû à l’abattage des bois (mécanisé pour les pins), la circulation de camions chargés de bois et le stockage de bois.

      Le bois est coupé à l’abatteuse

      Lorsque des machines circulent en forêt, elles tassent le sol. Les racines et l’eau prospectent moins bien un sol tassé et cela impacte l’écosystème forestier. Pourtant, la mécanisation réduit la pénibilité du travail et les accidents en forêt et facilite certaines interventions. Elle est  quasiment incontournable pour l’abattage des pins dans le contexte économique actuel. Le bon compromis est de prévoir des passages réservés pour les engins, appelés cloisonnements.

      La machine utilisée pour la coupe est une abatteuse. Depuis les cloisonnements, elle peut aller couper les arbres situés dans la bande boisée entre deux cloisonnements. L’engin doit pouvoir circuler tout en tassant le moins possible de surface de la parcelle exploitée. La surface consacrée au passage des engins ne doit pas dépasser 25% de la surface de la coupe.

      Le bois est transporté

      Depuis la forêt jusqu’à l’acheteur final le bois est transporté. D’abord par un engin appelé « porteur » qui circule sur la parcelle et jusqu’aux zones de stockage des bois. Puis, de la place de dépôt à l’acheteur final via des camions.

      L’exploitation des chênes se fera dans un second temps, par bucheronnage manuel. Le bois de chêne est sorti au tracteur et sera acheminé à Saint-Vallier en petits camions.

    Les différentes étapes de l'opération

    1. Sur la zone concernée, les arbres à couper sont marqués d'un point bleu.
    Maël Grauer © CNPF
    1. Sur la zone concernée, les arbres à couper sont marqués d'un point bleu.
    2. Des cloisonnement d'exploitation sont mis en place pour préserver le sol du reste de la forêt.
    Jean-Baptiste Mey © CNPF
    2. Des cloisonnement d'exploitation sont mis en place pour préserver le sol du reste de la forêt.
    3. L'abatteuse vient couper les arbres marqués.
    Olivier Martineau © CNPF
    3. L'abatteuse vient couper les arbres marqués.
    3bis. Bûcheronnage manuel des chênes.
    Bernard Petit © CNPF
    3bis. Bûcheronnage manuel des chênes.
    4. Les bois sont sortis de la forêt (débardage) sur les cloisonnements.
    Olivier Martineau © CNPF
    4. Les bois sont sortis de la forêt (débardage) sur les cloisonnements.
    4bis. Sortie au tracteur des stères de chêne.
    Quentin Vanneste © CNPF
    4bis. Sortie au tracteur des stères de chêne.
    5. Le bois est amené sur une place de stockage par un porteur forestier.
    Olivier Martineau © CNPF
    5. Le bois est amené sur une place de stockage par un porteur forestier.
    6. Le bois est chargé sur un grumier qui va l'amener à destination.
    Quentin Vanneste © CNPF
    6. Le bois est chargé sur un grumier qui va l'amener à destination.
      • Des arbres plus vigoureux : En réduisant la densité des arbres, les arbres restants bénéficient de davantage de ressources (lumière, eau, nutriments), ce qui renforce leur croissance et leur résistance. De plus, les arbres conservés sont choisis parmi les plus rectilignes. Ils gagneront en diamètre plus rapidement qu’au sein d’un peuplement très dense, augmentant leur potentiel de valorisation future.
      • Une meilleure protection du massif : En réduisant la proximité entre les arbres et en diminuant la quantité de matière combustible, la coupe de bois limite les risques de propagation des incendies et contribue à la préservation durable du massif.
      • Un accompagnement de la dynamique naturelle : Les pins pionniers ont colonisé les anciens terrains cultivés dans la première moitié du siècle dernier. Ils ont créé les conditions favorables au développement du chêne. Aujourd’hui, les pins arrivent en fin de vie et tombent. Enlever une partie de ces pins permet de réduire le risque incendie et d’éviter les chutes d’arbres à venir. Les chênes sont très denses : une éclaircie légère dans le taillis permettra de favoriser la croissance des arbres restants.
      • Une attention portée à la biodiversité : l’impact des interventions sur les espèces et les habitats sera réduit en conservant les arbres à gîtes lorsqu’ils sont identifiés.  Le CNPF a souhaité proposer aux propriétaires un plan d’action alliant la mise en sécurité règlementaire des bâtis, tout en préservant le patrimoine forestier, sa pérennité et sa biodiversité ainsi qu’une qualité paysagère.

    • Le bois est vendu sur pied aux exploitants forestiers professionnels qui se chargent de l’abattage. La recette des ventes est restituée aux propriétaires des arbres. Le prix de l’abattage n’est donc plus à payer pour les propriétaires soumis aux OLD.

      Le bois de chêne sera coupé et valorisé par l’entreprise « De la Nature aux Hommes », située à Saint-Vallier-de-Thiey.

      Les pins auront pour débouché principal la papeterie de Tarascon.

      Un tri des bois de meilleure qualité qui pourront être sciés à Andon sera effectué.

    • La mise aux normes pour les Obligation Légale de Débroussaillement impose de réduire fortement la densité autour des maisons. Le paysage en sera fortement modifié. Cette intervention relève d’une obligation pour les propriétaires de maison.

      Au-delà, l’exploitation pratiquée est une coupe de bois qui prélèvera au maximum 40% du volume.
      L'intervention ne sera en rien comparable à un déboisement.

    • Des documents de gestion durable sont en cours de rédaction sur quatre propriétés pour une surface de 220 ha dans lesquelles des éclaircies d’amélioration sylvicole seront réalisées au-delà des périmètres OLD.

      Ces documents doivent être conformes au Schéma Régional de Gestion Sylvicole qui donne des règles pour la gestion en forêt privée.

      Dans l’ensemble des secteurs traités en éclaircie, les règles du SRGS seront mises en œuvre à savoir :

      • mise en place de cloisonnements d’exploitation de 4 m maximum espacés de 15 m d’axe en axe au minimum,
      • conservation de la diversité d’essences : 1 à 5 pins par hectares, préservation des poches de frênes,
      • préservation des arbres remarquables et arbres à habitats.

    • Suite à la loi du 10/07/2023, conformément à l'article  L.131-12 CF, le propriétaire du fonds voisin ne peut plus s’opposer à la réalisation du débroussaillement, afin que les propriétaires de constructions puissent se mettre en sécurité, en débroussaillant chez leurs voisins.

      Comment faire ? (Procédure de l'article R. 131-14 CF)

      1) Informer le propriétaire et l'occupant du fonds voisin, par tout moyen permettant d'établir date certaine (= courrier en recommandé avec accusé de réception ou courrier remis en main propre contre récépissé), des obligations qui s'étendent à ce fonds,

      2) Leur demander l'autorisation de pénétrer sur le fonds en cause,

      3) Rappeler au propriétaire qu'à défaut d'autorisation donnée dans un délai d' 1 mois,  ces obligations seront mises à sa charge.

      Il est important de conserver le récépissé afin de pouvoir justifier notamment d'une éventuelle absence de réponse sous un délai d'1 mois ; ce qui entraînerait l'inversement de responsabilité.

      Lorsqu'une autorisation est donnée, elle est valable 3 ans, mais elle peut être révoquée à tout moment.

      Que faire en cas de refus ?

      Bien qu'en vertu de  l'article L.134-12 CF, le propriétaire du fonds voisin ne peut s'opposer à la réalisation des travaux par celui qui en a la charge, ce cas se rencontre dans la pratique.

      Après avoir bien respecté la procédure ci-dessus, si au bout d' 1 mois, l'autorisation ne lui a pas été donnée (refus explicite ou absence de réponse), le propriétaire ne pourra pas réaliser les travaux qui lui incombent sur le fonds voisin car cela constituerait une violation de domicile et une détérioration illicite de biens. Il doit alors en informer le Maire de la commune (article R. 134-14 CF), qui pourra alors contraindre le propriétaire de débroussailler si ce dernier ne fait rien ou faire procéder aux travaux d'office.